Le Vercors ou les Dolomites ? Notre cœur balance !
Il est 17h. Nous prenons la route en direction de Sion, mais un dilemme se pose à l'autoroute : à droite, c'est la France avec les montagnes du Vercors, les croissants, les chocolatines et les tartiflettes. À gauche, l'Italie avec ses pizzas, ses cappuccinos, et les majestueuses Dolomites, berceau de l'alpinisme et de l'escalade. Le choix est difficile, mais l'aventure nous appelle !
Nous faisons une pause pour quelques achats en vérifiant le timing pour le train Brig-Iselle de 19h34. Tout semble bon. Pourtant, un dernier coup d’œil à l’horloge nous fait bondir : le train part à 19h06, et il est déjà 18h56 ! Toujours positifs, nous fonçons. Ça va le faire ! Nous arrivons à 19h07, et par chance, le train est encore là. Nous courons acheter un billet et embarquons, mais… trop tard ! Nous sommes la voiture de trop. Tant pis, c’est les vacances ! Nous ne changeons pas une équipe qui gagne !
Il est déjà 21h30, et nous décidons de passer la nuit près de Milan. Nous trouvons un restaurant très sympa, theBIRRA – Food, Pizza and Grill où les pizzas sont énormes et excellentes ! Un endroit que je recommande vivement.
Sept heures de route s’offrent à nous, laissant largement le temps de planifier les jours à venir. En cherchant des bons plans, je tombe sur un blog qui décrit les Dolomites comme l'un des plus beaux endroits du monde. Chaque virage, dit-on, est une claque visuelle. Peut-être un peu exagéré, non ?
En route, nous réalisons que deux semaines, c’est vraiment le minimum pour un tel road trip. En passant Bolzano, nous arrivons à la première intersection menant aux Dolomites. Droite ou gauche ? Après quelques hésitations, nous optons pour la droite sans réel plan. Et dès le premier virage, on comprend : oui, chaque virage est une claque visuelle ! Nous faisons un arrêt au bord d’un petit lac, avec une vue imprenable sur les montagnes.
Notre premier arrêt nous mène à un lac… enfin, c’est ce que nous pensions. Une flèche indique une direction, mais après 30 minutes de marche sans vue, nous arrivons sur un autre parking. Arnaque ! Le lac était en fait derrière nous, à seulement quatre minutes. Nous rions de notre naïveté, décidant que, perdus ou non, l’aventure continue.
À 17h, un choix s’impose : une session d’escalade ou la recherche d’un camping ? Le premier camping est complet, et nous devons encore rouler… session abandonnée. Finalement, nous trouvons un camping à 50 CHF la nuit pour poser la tente. Oui, c’est cher, mais on nous avait prévenus.
Depuis le camping, les montagnes nous font rêver, et les plans pour les jours à venir se précisent. Les tours de Vajolet nous appellent, mais avec trois heures d’accès, est-ce faisable en une journée ? Par chance, nous trouvons deux places disponibles au refuge Alberto pour la semaine suivante. Réservation faite !
C'est parti pour .a première journée d’escalade. Nous prenons la route pour le Passo Gardena À chaque virage, une montagne plus belle que la précédente s’ouvre à nous. Le col Gardena se révèle parfait pour des photos, et nous décidons de traîner sur la route.
Arrivés au parking, la dernière place est pour nous ! Quinze minutes d’accès à la falaise Paradise se transforment en quarante-cinq, mais cela fait partie de l’aventure. Une via ferrata mal entretenue et une corde de sécurité en piteuse état, nous arrivons au pied des voies. Le calcaire est beau, la vue imprenable, et l’ambiance est détendue sur les montagnes avoisinantes. Je me lance dans un mur blanc légèrement déversant, les mouvements sont beaux sur des petites réglettes, la classe ! Belle première journée de grimpe.
La soirée se termine par la recherche d’un camping. Tout est bondé, et poser une tente au milieu de la foule ne nous fait pas rêver. Nous optons alors pour un camping sauvage, ou presque, sur un parking avec d’autres voyageurs.
Le lendemain, c’est parti pour la première grande voie du séjour : **Nikibi**, un 6b+ obligatoire, loin des sites touristiques sur une tour en dolomite. L’approche est d’environ une heure, avec une vue magnifique sur les montagnes environnantes. Les 300 mètres d’escalade commencent par une longueur facile avec seulement deux pitons sur 35 mètres. La deuxième longueur, un 6a avec un gaz incroyable, donne immédiatement le ton. Le rocher est parfait, la vue époustouflante, et chaque longueur s’enchaîne avec plaisir jusqu’au sommet. L’ambiance est folle, et nous adorons ! Céline s'offre la longueur clé, le 6b+, que j'ai trouvé assez difficile.
Prochaine étape : les Tre Cime. Ce site emblématique des Dolomites, bien que très prisé des touristes, nous impressionne moins que d'autres endroits visités au cours de notre voyage. Tous les campings de Cortina étant complets, nous apprenons qu'il est possible de passer la nuit gratuitement sur le parking des Tre Cime après 19h. Nous arrivons sur place vers 22h et passons une nuit plutôt inconfortable dans la voiture.
Initialement, nous avions prévu de grimper la face nord, mais la fatigue nous pousse à revoir nos plans. Trop épuisés, nous optons pour la face sud, moins exigeante. Cependant, après une longue hésitation, la chaleur accablante finit par nous décourager, et nous renonçons à l'ascension pour cette journée.
Bien que la vue sur les Tre Cime soit magnifique, l'affluence touristique gâche un peu l'expérience. Finalement, ce lieu, bien que splendide, ne s'inscrit pas parmi nos coups de cœur du séjour.
La descente des Tre Cime nous réserve une surprise : 60 CHF pour le parking ! On s'est fait avoir, mais c’est le jeu dans les Dolomites !
Pour ne pas perdre une journée de grimpe, nous faisons une halte au secteur de Rio Gere, réputé pour ses longues voies techniques dans des dévers impressionnants. Le topo est difficile à déchiffrer, avec des lignes qui se croisent, rendant l’orientation compliquée. Je décide de m'attaquer à ce que je crois être un 7a, marqué par un gros pas de bloc au troisième spit. Je parviens à le franchir, puis enchaîne jusqu'à un dernier mouvement bien difficile juste avant le relais.
À la fin de la voie, surprise : il s'agissait en réalité d’un 7c ! Malgré la difficulté inattendue, la ligne est splendide et vaut vraiment le détour.
Le soir, nous installons un bivouac improvisé dans un champ. Bien emmitouflés dans nos sacs de couchage, nous décidons de retourner au Cinque Torri le lendemain, l’un des plus beaux sites de couenne de notre voyage. Par chance, une chambre est disponible au refuge, et nous réservons une nuit pour le lendemain. Nous avions déjà grimpé une journée sur ce site majeur des Dolomites, avec l'intention de gravir la face est de la Torre Grande. Malheureusement, un orage avait interrompu nos plans. Ce jour-là, nous avions finalement trouvé refuge dans des voies cotées dans le 7, à l’abri de la pluie. Tous les touristes étant partis, nous avions le secteur pour nous seuls – un moment magique.
Deux jours plus tard, de retour au Cinque Torri, nous grimpons le matin quelques voies en plusieurs longueurs, en attendant que la voie Finlandia sur la Torre Grande passe à l’ombre.
En début d’après-midi, c’est parti pour cette grande voie, avec ses dièdres, traversées, quelques pitons, et la fameuse recherche d’itinéraire. L’ambiance est incroyable, on adore chaque instant de cette escalade !
Au sommet, la véritable aventure commence. La descente promet d’être mémorable. Je repère rapidement le relais du plan A... mais il n’inspire pas confiance. Céline me demande ce que c’est, et je lui réponds : "Le relais." Elle me regarde avec scepticisme, et à juste titre – je n’arriverai pas à la convaincre de descendre là-dessus. On passe au plan B, trouvé rapidement, mais guère plus rassurant. Tant pis, c’est parti pour la première descente !
Je descends quelques mètres et m’arrête sur une lunule que je consolide avant de me lancer dans un rappel de 30 mètres à la recherche du relais suivant, bien caché. Après quelques minutes d'exploration, je le trouve enfin ! Céline, dubitative, me rappelle : "Tu m’as toujours dit qu’un relais, c’est sur deux points !" Eh bien, dans les Dolomites, les règles changent ! Ici, c'est 50 mètres en fil d'araignée, suspendus à de vieilles sangles coincées derrière un rocher.
J’arrive au relais suivant : un vieux piton et un nuts reliés par de la cordelette usée. Celui-ci fait encore plus peur que le précédent, mais il faudra bien descendre ! Encore deux rappels et nous serons enfin au sol.
Tout se déroule finalement sans encombre, et nous arrivons juste à temps pour le repas au refuge. Une descente épique et inoubliable, avec tout le charme rustique et aventurier des Dolomites !
Le soir, nous passons la nuit au rifugio Cinque Torri. La chambre est très confortable, la nourriture savoureuse, et l'accueil chaleureux, offrant un parfait moment de détente après une journée bien remplie en montagne.
Le lendemain, nous explorons différents secteurs de couennes avant de repartir. Cette fois-ci, nous nous attaquons à un 7a de 60 mètres, un véritable voyage vertical. La fatigue se fait sentir, mais nous terminons sur une note positive, satisfaits de nos performances et de notre progression. Deux jours magnifiques !
Pour conclure notre séjour, nous partons en direction du refuge Albertino. Après une montée en télésiège et deux heures de marche, nous atteignons le refuge. À seulement 15 minutes de là se dressent les impressionnantes trois tours Vajolet. En avance sur notre planning et avec un peu de marge avant l'arrivée des orages, nous décidons de grimper la célèbre arête de la Torre Delago : la voie Spigolo Piaz.
Bien que la cotation soit facile, l’ambiance dolomitique est grandiose. Je pars pour la première longueur, une grimpe relativement aisée mais sans aucune protection sur 30 mètres, sur un rocher parfois friable. J'atteins le relais, juste au bord de l’arête, avec 2 000 mètres de vide à ma gauche – une sensation inoubliable !
La longueur suivante nous emmène dans la face nord, où nous sommes littéralement suspendus dans le vide. Ce n’est pas particulièrement difficile, mais l’engagement et la vue nous marqueront à jamais. Cette longueur est sans doute l’une des plus belles que nous ayons grimpées en Europe !
Après cette superbe grande voie, nous aidons un guide italien à la fin de la journée, ce qui nous vaudra quelques bières gratuites au refuge le soir. Une fin parfaite pour cette aventure dans les Dolomites !
LeLe lendemain, pour notre dernière journée de grimpe du séjour, nous décidons de nous attaquer à une voie plus difficile sur la Torre Winkler. Trouver son chemin à travers ces tours n'est pas toujours simple, mais c’est justement ce qui rend l’escalade dans les Dolomites si fascinante. L’itinéraire est parfois flou, et c’est aussi ce qui fait le charme de ces ascensions.
Je m’élance un peu à l'aveugle, plaçant quelques friends et lunules au passage, mais sans être sûr de la voie exacte. Ce sentiment d’incertitude est grisant – grimper ainsi, avec cette liberté, procure une sensation unique ! À mi-parcours, je tombe sur un piton qui me rassure sur le fait que nous sommes sur la bonne voie.
Alors que nous continuons, le ciel devient de plus en plus menaçant. Conscients que nous avons encore quelques heures de marche pour redescendre, nous décidons de ne pas trop traîner. Un arrêt rapide au refuge pour récupérer nos affaires, et nous nous remettons en route.
À quelques pas du télésiège, la grêle s'abat sur nous. Le télésiège est stoppé, et nous nous abritons pendant une heure, attendant que la tempête passe. Une fin d’aventure un peu mouvementée, mais fidèle à l’imprévisibilité des montagnes !
Ce voyage fut une première expérience inoubliable dans les Dolomites, une découverte que nous sommes impatients de renouveler. Nous avons passé 12 jours à grimper, partageant des moments exceptionnels et explorant des itinéraires variés. Des projets encore plus ambitieux nous attendent, notamment un big wall de 700 mètres en terrain d’aventure qui a nourri nos rêves tout au long du séjour. Nous reviendrons, c’est certain, pour de nouvelles aventures et défis dans ces montagnes fascinantes ! Nous reviendrons, c’est certain !
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